Tous les ponts seraient-ils dangereux ?

Suite à plusieurs sollicitations de nos lecteurs, nous revenons sur les conflits piétons-cyclistes sur les trottoirs des ponts de Bayonne.

Indiscutablement, quelque soit le statut de ces trottoirs, dès que le trafic piéton-vélo augmente ces conflits se multiplient, pénalisant en premier lieu les enfants et les piétons âgés avec des conséquences sanitaires souvent sévères. 

Le trottoir amont du pont Saint Esprit est particulièrement concerné depuis qu'il a été réattribué aux cyclistes par décision du maire, lors de la création des lignes de BHNS. 

Sans insister sur la signalisation bâclée, disons que...

les avis des uns et des autres divergent :

  • "Je rappelle que l'accidentologie montre qu'il n'y a aucun problème selon les statistiques. L'idée est qu'il vaut mieux rapprocher piétons et vélos plutôt que vélos et voitures." (Wittenberg M. -Directeur général des services - 2012. Réunion publique Bayonne. PDU)
  • "Concernant le pont saint esprit, il serait possible de créer une piste cyclable sécurisée en partageant le trottoir avec les piétons." (Diagnostic citoyen vélo de Bizi! de 2010);
  • "Les robustes études de Aultman-Hall et Hall (1998) et Aultman-Hall et Kaltenecker (1999) concernant les cyclistes en trajet domicile-travail ou domicile-école dans les villes d'Ottawa et de Toronto, ont permis d'établir que les risques de collisions, mais surtout les risques de chutes, de blessures et de blessures graves concernant des cyclistes, par kilomètre parcouru, sont significativement plus importants sur les trottoirs, et à un moindre degré, sur les pistes cyclables, que sur la voirie ordinaire." (BRENAC T. and al. (2003). Rapport INRETS n°256. IFSTTAR)
  • Franche opposition au Comité National de la Sécurité Routière (2014) :
    • "On préfère qu’un cycliste donne un petit coup de guidon à un piéton plutôt qu’il soit percuté par un quinze tonnes.» (Jacquot P. président de la commission « deux roues, deux roues motorisés »)
    • "Un petit coup d’épaule à une vieille dame frêle atteinte d’ostéoporose peut la faire tomber, l’immobiliser et la condamner à l’isolement, votre propos était inentendable". (Lauwick P. MD. président de la commission « alcool, stupéfiants vitesse »)
    • "Nous ne sommes pas là pour protéger les plus faibles, la vieille dame va apprendre la mixité, elle deviendra attentive aux vélos. Si on craint un coup de guidon, il ne faut plus sortir de chez soi." (Jacquot P.)

Nous pensons qu'avant de s'exprimer il vaut mieux connaître le principe et les règles d'aménagement des "voies vertes" en milieu urbain, ainsi que ceux des pistes cyclables.

En pratique, la transformation d'un trottoir "piéton" en piste cyclable exclusive est en contradiction avec les exigences d'accessibilité, sauf impossibilité technique constatée par l'autorité gestionnaire de la voirie ou des espaces publics en cause, après avis de la commission consultative départementale de sécurité et d'accessibilité consultée dans des conditions fixées par arrêté. Ce n'est pratiquement jamais le cas et nous devons donc rappeler à nos lecteurs qu'il n'existe pas de contrôle de légalité à priori des décisions de police du maire par l'état. 

Plusieurs conséquences :

  • selon le jugement n°1102824 du TA Strasbourg : "... peuvent être créées, sur les trottoirs, des zones spécialement réservées aux cycles, à condition qu’elles soient délimitées et séparées de l’espace réservé aux piétons, qui doit rester normalement praticable par eux ; "
  • dans des conditions contraintes (bordure de voie rapide, pont, tunnel) des dérogations sont possibles, sous condition d'une "séparation forte" comme l'indique le CEREMA (plus haut) ;
  • il revient aux citoyens de contester les décisions qu'ils estiment anormales. Ils doivent pour cela respecter un formalisme strict : recours gracieux, hiérarchique, obligatoire (Rapo).

En cas de préjudice, la mise en danger d'autrui peut également être poursuivie, mais c'est une autre histoire... et l'affaire n'est pas sans risque... 

Enfin, il va sans dire que tout ce qui vient d'être vu s'applique à l'ensemble des "trottoirs partagés" et autres "voies vertes sur trottoir".

Dans tous les cas, ne rien faire et/ou insulter les autres usagers, voire les frôler ou les bousculer ne risque pas de faire avancer la chose. Pas plus que d'interpeller des élus sans savoir l'absolue nécessité de "corriger" les données d'accidentologie piétons et cyclistes sur lesquelles ils basent leur réflexion.

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