Référentiel Vélo de l'agglomération bayonnaise

Le trambus, le pont, le piéton, le vélo et la discorde ? 


Constatant l'absence de politique cyclable dans l'agglomération bayonnaise, notamment lors des travaux de voirie nécessaires à la création de deux lignes de bus à haut niveau de service (BHNS), plusieurs associations ont participé, en marge du processus de concertation de l'élaboration du plan de déplacements urbains (PDU), à des réunions avec le maître d'ouvrage et le maître d'œuvre du projet Trambus, pour tenter de résoudre les importants problèmes de sécurité constatés.

Malgré ses engagements actés dans le plan vélo dont elle s'est dotée en 2012, l'ex-agglomération bayonnaise a en effet largement méconnu les obligations de la loi LAURE en matière d'itinéraires cyclables (Article L228-2 du Code de l'environnement).

Sur la base de ce constat de carence étendu aux objectifs opérationnels du PDU de 2015 et de l'inefficacité de la concertation, les "citoyens du Seignanx" et l'AVAP ont entrepris de réactualiser le référentiel du plan vélo de 2012. Les termes généraux du diagnostic et les recommandations de ce plan restent en effet pertinents à ce jour, à condition que soient prises en compte les évolutions réglementaires (notamment du celles du PAMA de 2015).

Ce document de référence sera la conclusion de leurs réflexions sur les nécessités environnementales et de sécurité pour l’ensemble des usagers de la voirie, piétons, cyclistes, automobilistes, etc... Sa rédaction a été coordonnée par Jean Vidal de l’association Citoyens du Seignanx.

On retiendra particulièrement :
  • l'aveu par l'ACBA de son incapacité à assurer le suivi et l'évaluation des différentes mesures de réduction des émissions de GES et des polluants atmosphériques ;
  • l'absence d'accident invoquée dans la presse pour justifier les aménagements dangereux et totalement contraires à l'état de l'art réalisés sur le pont St Esprit à Bayonne en vue du passage du trambus (SUD OUEST du 6 juin 2019, "Le pont de la discorde"). Le défaut de mise en place de l'observatoire des accidents piétons - cyclistes réglementairement prévu (mesure 3.1.2 du plan d'action du PDU) en est le principal responsable, toutes les données scientifiques validées concluant à l'insuffisance majeure des données fournies par le seul bulletin d’analyse des accidents corporels de la circulation (BAAC) ;
  • le constat de l'irrespect complet des obligations de l'article L228-2 du code de l'environnement devant être étendu à la quasi totalité de l'aménagement des itinéraires trambus ;
  • le refus de réaliser les aménagements prévus dans l'axe 2 du plan d'action du PDU ;
  • l'oubli pur et simple de traiter les coupures urbaines et les "points noirs" recensés dans le plan vélo depuis plus de 10 ans, malgré l'urgence en termes de sécurité ;
  • le non respect de la réglementation (surtout par méconnaissance) dans la réalisation des aménagements de voirie et dans la signalisation ;
  • la volonté de dissimulation dont témoigne une communication ventant un linéaire de "pistes cyclables" surévalué (SUD OUEST du 11 décembre 2018, "La RD 810 devient un espace attractif"), obtenu à base d'aménagements souvent inutiles et/ou dangereux, notamment pour les piétons par refus de respecter les exigences légales d'accessibilité en installant les vélos sur les trottoirs ;
  • la manipulation des données de comptage trafic (source opendata CD64), sous doute pour justifier l'absence d'aménagements cyclables sur des axes à fort trafic de l'EuroVélo 1 (Vélodyssée) et conserver ainsi le bénéfice des financements européens, au mépris de la sécurité des utilisateurs (les valeurs de trafic excèdent largement les limites acceptables pour un trafic mixte : source CERTU repris dans le plan vélo) ;
  • la pseudo concertation démocratique consistant à empiler réunions, forums et autres jeux de rôles, sans aucune efficacité ;
  • la responsabilité des élus (y compris d'opposition) et de la société civile en général qui s'accomodent fort bien de cette inaction et de l'excuse régulièrement produite de l'impossibilité de pousser les murs, au lieu de réclamer le respect des engagements pris : "Le plan vélo a servi à caler quelques armoires"(SUD OUEST du 16/03/2019, "Le plan vélo va-t-il engager le sprint ?").
Sur ce constat et pour un même territoire de référence, les objectifs suivants peuvent être définis (au delà du sempiternel "le Syndicat met tout en œuvre pour satisfaire les usagers tout en respectant l’environnement.") :
  • s'assurer d'une formation technique suffisante des techniciens et des élus en charge de la voirie et des espaces publics pour les faire adhérer à l'importance fondamentale d'une réduction de la vitesse de circulation ;
  • réduire l'emprise automobile par une action combinée sur la circulation et le stationnement ;
  • créer le suivi réglementaire des accidents piétons et cyclistes ;
  • confirmer l'objectif stratégique d'une cyclabilité et d'une marchabilité de 100% pour l'ensemble des voiries à l'exception des autoroutes et des voies rapides (sous réserve d'une méthodologie de mesure du linéaire "cyclable" admise par tous, tout en respectant strictement les obligations légales en matière d'accessibilité de la voirie et des espaces publics, en créant des itinéraires cyclables tels qu'expressément prévus par l'article L228-2 du code de l'environnement, notamment dans le cadre du projet Tram'bus ;
  • assurer un stationnement vélo sur voirie suffisant, notamment pour assurer une intermodalité réelle avec les transports en commun (TC) et combattre le stationnement illégal pour faire disparaître en cinq ans le stationnement de TOUS les véhicules sur les trottoirs ;
  • corriger les indicateurs et leurs usages compte tenu des déviances observées,
  • consulter au plus tôt des projets la société civile, notamment à propos des deux points précédents ;
  • assurer la transparence et la libre circulation des informations par mise en open data des décisions de voirie et de circulation, des données vitesse-trafic tous modes ainsi que des paramètres urbanistiques et de leur devenir ;
  • justifier strictement des dérogations obtenues, notamment du non recours aux emplacements réservés, particulièrement lors du traitement des axes principaux ;
  • mettre en place un plan d'action urgent d'aménagement des axes principaux, notamment du boulevard du BAB, de l'avenue H.Grenet et de la RD810...;
  • mettre en place une formation - information réelle des citoyens pour résorber l'écart entre sécurité perçue et sécurité réelle et plus généralement leur méconnaissance de tous les points précédents ;
  • n'acter dans le plan d'action que des actions financées associées à un engagement formel du maître d'ouvrage ; 
  • mettre en place un véritable observatoire intégrant nos associations en lieu et place des différents comités (de suivi) n'ayant pas assumé leurs engagements.­
"L’objectif ultime des responsables techniques et politiques devrait être, en toute logique, d’aménager ou d’apaiser progressivement « 100 % de la voirie » sur le territoire considéré. Cela signifie qu’un cycliste doit pouvoir se déplacer en sécurité, dans les deux sens de circulation, sur l’ensemble du réseau de voirie, de façon à pouvoir accéder aisément, rapidement et sans détour à toutes les destinations."
(Héran F. Méthode standard de calcul du linéaire d’aménagements cyclables en milieu urbain)