(Mise à jour le 6/12/2020)

Bien des questions auxquelles il faudra répondre
L'action judiciaire s'est focalisée, comme souvent dans un premier temps, sur la faute individuelle.Sans cela, point d'espoir d'améliorer la sécurité de l'espace public. Nul doute que la procédure civile à venir y contribuera... et établira de nouvelles responsabilités. C'est dans ce but et en raison de ses liens avec la victime que l'AVAP s'est constituée partie civile et vous propose une synthèse de ce qui est connu de l'accident et des questions qui se posent.
Que sait-on de l'accident du 8 janvier 2020 ?
L'accident s'est produit sur le carrefour giratoire de la douane à Anglet entre une automobile et un vélo. Le cycliste est décédé des suites de ses blessures.
Ce carrefour est situé à l'intersection de la promenade de la Barre, de la rue du Moulin Barbot à l'ouest et de l'avenue Abbé Cestac à l'est. Il y a donc 4 branches dont les entrées et les sorties sont à une voie. Le rayon extérieur de l'anneau est de 22 m, celui de l'ilot central 15 m, ce qui laisse une chaussée de 7 m de large.
Le schéma annexé au Procès verbal de police reprend cette topographie et matérialise un arrêt de bus situé dans le giratoire au sud, ainsi qu'une piste cyclable bidirectionnelle sur la promenade de la barre. Elle contourne le giratoire par le nord et l'ouest.
Les trajectoires suivies par les acteurs de l'accident sont indiquées : L'automobile A, suivie par le témoin T, approche par la branche sud de la promenade de la barre en provenance des cinq cantons.
Le vélo B vient de la rue du moulin barbot.
L'automobiliste laisse passer un véhicule qui tourne sur l'anneau et s'insère à son tour, à vitesse réduite, sans avoir vu arriver le cycliste, déclarant avoir été ébloui par le soleil. Le choc se produit à faible vitesse et provoque la chute du cycliste à une dizaine de mètres plus loin.
Le procès verbal fait état de traces de choc cohérentes à l'avant gauche du pare choc du véhicule entrant et sur la roue arrière du vélo.
Le cycliste invisible
Le témoin confirme la vitesse réduite de l'automobiliste, entre 20 et 30 km/h. Lui aussi déclare ne pas avoir vu le cycliste.
Cette "invisibilité" du cycliste est retrouvée à l'origine de ce type d'accident par refus de priorité au cycliste sur l'anneau par le véhicule entrant. C'est une configuration accidentelle fréquente sur ce type de giratoire. Elle peut s'expliquer par plusieurs raisons vraisemblablement associées.
La morphologie du giratoire a façonné les trajectoires
Avant d'entrer dans le giratoire, le cycliste (vert) est masqué par la végétation alors qu'il vient de bénéficier d'un faux plat descendant lui permettant de rouler sans effort à plus de 30 km/h (vélo de course sans assistance électrique). Du fait de la morphologie du giratoire, il voit de loin le véhicule jaune circulant dans l'anneau et s'insère derrière lui pour un trajet raccourci en distance et en temps jusqu'à l'embranchement suivant. Ce véhicule jaune constitue donc un masque à la visibilité entre le vélo et l'automobiliste entrant (bleu). L'importante largeur de l'anneau (équivalente à deux voies) l'incite à entrer précocement dans l'anneau, surtout si le véhicule jaune a pris la corde.
- la visibilité du quart gauche de l'anneau pour le véhicule entrant doit être assurée et il ne doit pas y avoir de courbes ou de contrecourbes sur les entrées-sorties (car elles modifient les rayons et donc les vitesses de passage). Pourquoi ces règles n'ont-elles pas été respectées ?
- la grande taille du giratoire et la largeur de l'anneau supérieure à une voie sont connues comme des facteurs de risque certains pour les cyclistes. Comment sont-elles justifiées alors qu'entrées et sorties sont à une voie et que les trafics moyens journaliers sont connus et modérés (4 615 véh./j avenue de Montbrun et 3 501 véh./j promenade de la Barre en 2015) ? L'arrêt de bus serait-il la seule justification de cette surlargeur ?
- la piste cyclable de la promenade de la barre et du giratoire a été aménagée sur le trottoir, sans cheminement piétonnier conforme à l'arrêté du 15 janvier 2007 (y compris sur le trottoir controlatéral) et sans dérogation préalable. Les exigences de la loi sur l'accessibilité ne sont donc pas respectées. Pourquoi et qui l'a décidé ?
- les traversées de chaussée de la piste cyclables sont marquées par des damiers verts qui ne sont ni réglementaires, ni homologués (plan vélo de l'agglomération). Les marquages autorisés sont définis dans une instruction inter ministérielle ;
- cette piste cyclable n'intéresse ni la totalité de l'anneau, ni l'avenue abbé Cestac, alors qu'il s'agit d'un axe identifié comme principal dans le plan de déplacements urbains de l'agglomération de 2015. Pourquoi cet aménagement, pourtant budgeté, n'a-t-il pas été réalisé ?
- malgré son caractère incomplet, cette piste cyclable "délégitime" la présence des cyclistes dans l'anneau, situation connue comme susceptible de provoquer des réactions aggressives de la part des automobilistes.
C'est pas nous !
Mais alors qui est-ce ?
À ce stade, il faut également remarquer que la commune n'était pas représentée à l'audience, alors qu'elle est mise en cause au civil. Au delà de l'aspect humain, l'analyse de l'arbre des causes de l'accident n'est à l'évidence pas de ses préoccupations.
Quoiqu'il en soit, l'aménagement n'est pas seul en cause
Chez le cycliste, même si cela n'a eu aucune influence dans la genèse de l'accident, l'absence du casque chez un usager le portant toujours est incompréhensible. Le trajet était-il trop court ? Nul doute qu'il aurait contribué à réduire la gravité des lésions cérébrales. De façon tout aussi certaines, le port de couleurs sombres a certainement contribué à réduire sa visibilité dans les conditions de l'accident.
Le véhicule Peugeot 208 accidenté est décrit par certains comme ayant un montant de parebrise avant gauche générant un angle mort important.
L'automobiliste porte des lunettes et au delà du trouble les nécessitant, le PV ne précise pas si les branches de la monture sont larges et susceptibles de limiter sa vision périphérique. Si c'est le cas, lui avait-on expliqué ce risque ?
Il n'a pas bu d'alcool mais a pu être victime d'un trouble de la vigilance pour d'autres raisons : il est à jeun... Peut-être prend-il des médicaments contrindiquant la conduite automobile (comme 20% de la population) ? Si oui, est-il seulement conscient de ce risque ? (son médecin le lui a-t-il signalé ?)